La question de la guerre et de la paix et l'internationalisme prolétarien
Dans sa conférence « Guerre et révolution », prononcée en mai 1917, c'est-à-dire pendant la Première Guerre mondiale, Lénine parlait de « l'oubli de la question fondamentale, à savoir quel est le caractère de classe de la guerre, pourquoi cette guerre a éclaté, quelles classes la mènent, quelles conditions historiques et historico-économiques l'ont provoquée » (Lénine, vol. 24, p. 395).
Aujourd'hui, plus d'un siècle après la révolution d'Octobre, les guerres font à nouveau rage dans le monde et le risque d'une nouvelle guerre mondiale existe. De plus, il est encore plus difficile aujourd'hui d'expliquer aux travailleurs le véritable caractère de classe de la cause, car les instruments de la propagande bourgeoise ont atteint un nouveau niveau avec l'aide d'Internet et des médias de masse. Cela reste néanmoins une tâche importante.
L'exposé poursuit : « Du point de vue du marxisme, c'est-à-dire du socialisme scientifique moderne, (...) la question fondamentale est de savoir au nom de quels objectifs cette guerre est menée, quelles classes l'ont préparée et ont déterminé sa direction. Nous, marxistes, ne sommes pas des adversaires inconditionnels de toute guerre ». (Ibidem) Il ne fait aucun doute que toutes les guerres qui ont lieu actuellement dans le monde reflètent les intérêts de la classe dominante, la bourgeoisie. La guerre en Ukraine, par exemple, porte clairement un caractère inter-impérialiste et menace, à partir d'un certain moment, de dégénérer en guerre mondiale. Un autre exemple est l'invasion des territoires palestiniens par Israël, où les intérêts impérialistes d'Israël, de l'Occident et des États néo-impérialistes de la région du Moyen-Orient (Turquie, Iran, Arabie saoudite, Égypte) sont évidents. Et dans tous ces cas, ce sont les travailleurs qui souffrent en premier lieu, les travailleurs d'Ukraine, de Russie, de Palestine, d'Israël, du Liban, etc., les travailleurs qui portent le poids de la guerre immédiate, de la mort, de la misère, de la perte de leur foyer, de leurs parents et de leurs amis.
Lénine disait encore : « Nous voyons constamment des tentatives (...) d'attribuer à la guerre actuelle un contenu historique qu'elle n'a pas ». (Ibid., p. 398) C'est encore vrai aujourd'hui : ainsi, la propagande de Poutine présente l'invasion barbare de l'Ukraine comme un « rétablissement de la justice historique » et va même jusqu'à affirmer que l'Ukraine a été créée artificiellement, et ce par la main de : Lénine ! La nuit où l'intervention a commencé, le dictateur de la Fédération de Russie V. Poutine a déclaré publiquement que l'un des objectifs de l'intervention était une « véritable décommunisation » de l'Ukraine, c'est-à-dire sa destruction en tant que pays. De quel genre de « justice » s'agit-il ? Non, il s'agit de plans d'invasion avides, les impérialistes du Kremlin se moquent du peuple ukrainien comme du peuple russe, ils ne sont intéressés que par des profits égoïstes, par le contrôle des ressources de l'Ukraine. L'impérialisme occidental a lui aussi des motivations similaires, il veut contrôler l'Ukraine, la Russie et en général autant de parties du monde que possible.
C'est pourquoi il est très important de comprendre que dans la « guerre ukrainienne », il n'y a pas un « bon côté » ou un autre, que le droit est du côté des travailleurs, du côté du prolétariat d'Ukraine, de Russie et d'autres pays, du prolétariat qui porte tous les fardeaux de cette guerre au nom des intérêts des classes dirigeantes. Trompés par la propagande bourgeoise de leurs gouvernements, les ouvriers des camps opposés vont à la bataille les uns contre les autres et se sacrifient pour les intérêts de la bourgeoisie. Cela ne peut être « juste » ni d'un côté ni de l'autre. Oui, si l'impérialisme russe subit une défaite, la situation objective du prolétariat ukrainien s'améliorera, la destruction directe de villes pacifiques et l'assassinat d'habitants de l'Ukraine cesseront. Mais le régime bourgeois dépendant des intérêts de l'Occident restera, et cela pourrait bientôt conduire à de nouvelles guerres, par exemple sur le territoire de la Russie ou dans d'autres régions du monde, où l'Occident a besoin de « vaillants soldats ukrainiens ».
En ce qui concerne l'impérialisme cynique de Poutine, d'autres paroles de Lénine, prononcées dans le même exposé, sont en outre très pertinentes : « ... un groupe de capitalistes qui s'est approché de la table du festin capitaliste alors que les places étaient déjà occupées, mais qui, ce faisant, a introduit de nouveaux procédés (...) dans la lutte ... ». (Ibid., p. 401) En réalité, les acteurs bourgeois dégénérés issus des rangs de la nomenklatura soviétique du parti et de l'État, de l'URSS où la restauration du capitalisme avait commencé depuis longtemps, se sont lancés avec une grande avidité et une grande énergie dans la reconquête des sphères d'influence de l'ancienne Union soviétique. Cela a commencé par les guerres coloniales brutales en Tchétchénie et dans le reste du Caucase et s'est logiquement poursuivi par l'occupation de la Crimée et du Donbass par Poutine et par l'invasion directe de l'Ukraine. Le régime de Poutine n'a rien d'« intelligent » ou de « progressiste », ce sont de vulgaires capitalistes avides et cyniques.
En conclusion, nous disons : La situation en Ukraine est compliquée et sanglante, et on ne sait absolument pas quand et comment la guerre prendra fin. Mais dans tous les cas, il est important de conserver la clarté du point de vue de classe, car c'est le seul qui permette de comprendre correctement la véritable nature des choses et leur évolution possible. Il est nécessaire de connaître et de comprendre la réalité, sans tomber dans les mensonges et les illusions de la propagande sous une forme ou une autre. Et pour cela, les paroles de Lénine, son analyse claire et précise, restent extrêmement actuelles.
Nos salutations prolétariennes KSRD