Ce n'est pas lorsque le calme règne que le monde change, mais lorsque le mouvement s'amplifie
Tout le monde parle des crises. Ce que chacun en tire comme conclusions diffère bien sûr. Les politiciens bourgeois veulent mettre fin à la crise très rapidement – par une gestion de crise de fortune qui nous est proposée pour les élections de février. Mais aucun d'entre eux ne peut vraiment résoudre ces crises, car ce sont des crises inhérentes à cette société. Elles expriment le fait que la société ne fonctionne plus.
Imaginez que vous allez chez le médecin et qu'il vous examine. Vous avez une tumeur au cerveau, quelque chose à la prostate, du diabète, de l'arthrose et un genou en mauvais état. Dans ce cas, tout médecin normal vous envoie immédiatement à l'hôpital et vous dit : « Il faut d'abord examiner cela à fond et ensuite le traiter avec soin ». Mais que font les politiciens bourgeois ? Ils font les choses tout autrement. Ils n'envoient pas le capitalisme à l'hôpital, mais continuent à bricoler encore et encore en s'insultant mutuellement. Au fond, ils n'ont pas de véritable solution.
Nous, marxistes-léninistes, traitons les crises différemment. Premièrement, nous examinons d'où viennent les crises. Deuxièmement, nous nous en tenons à la langue chinoise, dans laquelle le caractère pour « crise » contient les caractères « destruction » et « nouveau départ ». Ce double terme est dialectique !
Il faut saisir l'occasion des crises pour commencer quelque chose de nouveau, qui aura ensuite un effet créatif, qui nous permettra de retrouver la santé, qui nous donnera une perspective. Les crises génèrent toujours des frictions, de la chaleur, des contradictions. Les dirigeants veulent toujours atténuer rapidement les contradictions. Les travailleurs ne doivent, si possible, pas faire grève pour conserver leur emploi. On fait alors sortir de son chapeau un compromis boiteux. Tout doit rester calme et nous devons nous serrer les coudes, comme l'a dit Olaf Scholz aujourd'hui dans son discours de la Saint-Sylvestre. Nous devons nous serrer les coudes, de préférence avec ceux qui sont responsables de tous les problèmes et de toutes les crises. Non ! Nous ne ferons pas bloc avec eux.
Les crises génèrent du mouvement. Et lorsque quelque chose se met en mouvement, c'est la base pour que les choses s'améliorent. Ce n'est pas lorsque le calme règne que le monde change, mais lorsque le mouvement s'intensifie – avec une conscience claire sur la direction à prendre.
Nous devons nous concentrer sur nos points forts. Nous ne devons pas toujours nous minimiser. Les politiciens bourgeois veulent toujours nous minimiser. Mais, pensez-vous qu'un parti quelconque à Gelsenkirchen pourrait mettre sur pied une fête de la Saint-Sylvestre comme celle-ci ? Non, aucun !
Croyez-vous qu'un parti autre que le nôtre pourrait récolter 40 000 signatures en quelques semaines pour être autorisé aux élections ? Ils n'y arriveront pas. Mais nous y parvenons parce que nous avons des convictions fortes et une organisation puissante ; une idée de la direction que doit prendre cette société.
Nous ne sommes pas d'accord avec l'idée que les choses doivent toujours continuer ainsi. Le mot d'ordre de ces élections ne peut pas être « continuer comme ça », mais un changement fondamental est nécessaire !
Un changement pour une nouvelle société dans laquelle tout ce que l'humanité a produit de positif est effectivement utilisé pour l'humanité et non pour quelques super-milliardaires qui sont insatiables. Tout le problème en un mot : nous vivons dans une société où le profit est au-dessus de tout. Les dirigeants ne se soucient pas du tout de la situation des gens.
Pour la nouvelle année, je souhaite beaucoup de mouvement, mais aussi plus de conscience, encore plus de combativité et surtout plus de perspectives. Tous ceux qui veulent y contribuer sont cordialement invités à se joindre à nous.
Je souhaite également à tous beaucoup de santé et de bien-être. Et si vous avez des problèmes, surmontez-les ensemble. C'est la bonne solution. C'est l'école comment tout progresse. C'est pourquoi nous resterons en mouvement en cette nouvelle année 2025.
Mais nous devons savoir qu'il y a différentes directions de mouvement. Il y a une direction vers l'arrière et une direction vers l'avant. Il n'est plus rare que les gens pensent qu'il faut laisser la droite essayer de gouverner et puis voir. C'est une tendance mondiale. Vous le voyez aux États-Unis, en Italie ou en République tchèque, en Argentine, en Russie et aussi chez l'AfD. Elon Musk, ce patron américain de Tesla qui fait fortune dans le monde entier avec ses voitures électriques, était autrefois un démocrate convaincu. Aujourd'hui, il est un fervent représentant du président fasciste Trump. Chez Musk aussi, les choses ont bougé, mais en arrière. L'homme devient de plus en plus fou.
Notre lucidité, notre confiance, notre combat, notre perspective, notre sens des responsabilités pour l'ensemble de l'humanité et la solidarité internationale – ce sont nos atouts. Elles s'imposeront. Pour cela, je souhaite une année 2025 couronnée de succès, à laquelle nous allons tout de suite trinquer ensemble.
Stefan Engel
Gabi Fechtner, présidente du MLPD :
En camp d'entraînement pour l'offensive ouvrière
Les monopoles en Allemagne prennent le risque d'attaquer ouvertement les ouvriers industriels sur plusieurs fronts. Pour cela, ils ont résilié la collaboration de classe dans leurs principaux bastions.
Dans presque tous les monopoles, mais aussi dans de nombreuses petites entreprises, des emplois sont détruits en masse, de plus en plus en liaison avec des licenciements massifs ouverts, des fermetures d'usines et des réductions de salaires. Il s'agit là d'un exemple politique. VW était un fleuron de la politique de collaboration de classe et doit maintenant être le fleuron pour imposer un tournant réactionnaire des monopoles.
Le processus de fermentation politique, avec plus de sept millions participants aux luttes ouvrières et populaires cette année, a pris une nouvelle qualité avec l'intervention du prolétariat industriel depuis la fin de l'été. Le revirement de l’état d’esprit progressiste revient au premier plan. Depuis septembre, près d'un million d'ouvriers industriels ont participé à des grèves et des manifestations. Rien qu'au cours des trois dernières semaines, ils étaient environ 250 000.
Entre-temps, un potentiel de transition vers une offensive ouvrière se développe, qui commence à prendre forme.
Cela a plusieurs aspects :
La conscience de classe s'est éveillée au sein du personnel industriel, même si elle n'est pas encore généralisée. Des parties croissantes rompent consciemment avec des philosophies d'entreprise comme la « famille VW » et la politique de collaboration de classe menée depuis des décennies.
Le MLPD marque une discussion de masse parmi des dizaines de milliers d'ouvriers industriels, même si l'on n'est pas encore d'accord sur toutes les questions. Certaines revendications et des mots d'ordre des groupes d'entreprise du MLPD ont acquis un leadership d'opinion. Cela concerne la lutte pour chaque poste de travail et de formation, la nécessité des syndicats en tant qu'organisations combatives ou la nécessité pour les salariés de lutter à l'échelle du groupe et au-delà. L'anticommunisme perd de son effet dissuasif, mais il est aussi de nouveau utilisé avec force. Une clarification plus profonde s'impose. Car ce n'est qu'en venant à bout de ces problèmes qu'une adhésion massive au véritable socialisme pourra se produire et que la relation de confiance avec le MLPD pourra se développer.
Ce qui est caractéristique, c'est le mouvement dynamique des luttes syndicales et indépendantes. « Prêt à faire grève dans toute l'Allemagne » est devenu un slogan de masse. Les actions syndicales combatives sont généralement dues au fait qu'il existe un énorme besoin d'activité combative de la part des salariés. Cela se traduit par une série d'assemblées et de manifestations autonomes et, des actions de grève autonomes qui, pour la plupart, sont encore plus petites. Chez VW, Ford et Thyssenkrupp, elles se sont multipliées comme jamais depuis des années. Même si, jusqu'à présent, seule une minorité du personnel y a participé, une majorité dit : « En fait, vous avez raison ! » Les attaques des monopoles ne peuvent être repoussées que par une lutte acharnée. Il est particulièrement important de briser le cadre syndical, le cas échéant, et de passer à des grèves autonomes. Ces semaines sont un camp d'entraînement important pour cela.
Chez VW Wolfsburg, des milliers d'employés ont manifesté de manière autonome pour l'assemblée générale de l'entreprise. Cela a une importance stratégique, car l'intelligentsia petite-bourgeoise est le principal allié de la classe ouvrière.
Les répressions se multiplient et ont souvent un effet d'intimidation.En revanche, la lutte pour les droits démocratiques et les libertés des travailleurs a connu plusieurs succès novateurs. Des entreprises comme Tesla, CATL ou K+S ont tenté de licencier des collègues combatifs, mais n'ont pas obtenu gain de cause. La revendication d'un droit de grève intégral, universel et légal fait l'objet de discussions de masse. Lorsque les travailleurs n'évitent plus la confrontation avec l'appareil d’État, cela marque le passage à une fermentation révolutionnaire.
L’interpénétration avec les luttes des larges masses doit encore être améliorée. Des parties du mouvement Fridays for Future, comme maintenant les « étudiants contre la droite », se réfèrent entre-temps consciemment aux travailleurs comme force importante et s'adressent à eux. À Kreuztal, une manifestation autonome des ouvriers de Thyssenkrupp a eu lieu en commun avec la population.
Parmi les parties combatives du personnel, une critique croissante des réformistes se développe. La vigilance et l'intransigeance face aux négociations secrètes, aux programmes de renoncement ou à la tactique des coups d’épingle augmentent. Certains réformistes affirment que l’on « se livre au bourreau » par des grèves autonomes. Or, ce n'est pas en luttant que l'on se livre au bourreau, mais en se rendant les mains en l'air à l'attaque générale du capital.
Ces dernières années, le mode de pensée völkisch1 et social-chauviniste a été tout à fait en mesure de freiner le développement de la conscience de classe. Mais les travailleurs s'en sortent mieux au fur et à mesure du développement de la conscience de classe. Une étude récente de la Fondation Friedrich Ebert constate que « ni le centre droit ni l'extrême droite »2 n'ont pu marquer de points chez les ouvriers qui ont « conscience d'intérêts de classe antagonistes3 ». Le folklore grossier sur « nous les Allemands » ne fait pas recette lorsque les monopoles allemands se comportent de manière aussi hostile aux travailleurs. L'AfD montre plus ouvertement son visage hostile aux travailleurs lorsqu'elle qualifie les revendications salariales des ouvriers de VW de « délirantes »4 et qu'elle s'oppose aux grèves. L'expulsion de représentants de l'AfD par des collègues de VW à Zwickau lors de leur assemblée du personnel a été politiquement significative.
C'est justement parce que les changements sont si importants qu'il faut laisser aux travailleurs le temps de les assimiler et de comprendre les nouveaux défis. De notre côté, il est important de mettre en place et de développer des revendications, des mots d'ordre, des tactiques de lutte et des formes d'organisation qui vont de l'avant. Ce n'est que lorsqu'elles sont lancées et largement discutées que les bonnes idées peuvent devenir une violence matérielle. Et ce n'est qu'en lien avec des expériences pratiques de lutte que se développe la conscience de classe. Il est extrêmement important que ce processus ait commencé.
¹ Völkisch : terme, utilisé par l’idéologie fasciste, se réfère à la conception raciste, anticommuniste, antisémite comprenant le peuple allemand comme une communauté de sang
² Friedrich-Ebert-Stiftung [Fondation], « Conscience de classe et choix électoral », septembre 2024
3 irréconciliable
4 Omid Najafi, porte-parole économique du groupe parlementaire AfD du Land de Basse-Saxe, sur TikTok